Erik Decamp

Mountain Guide

septembre 2008

Thèse, antithèse. Synthèse ?

Avant-hier : pluie battante. Le Fayet, à l'abri des intempéries, tout déversant, le désespoir des bras pour Emmanuel qui arrivait sans entraînement aucun.
Hier : soleil. Chéserys, des voies aimables, pour Emmanuel le plaisir de se sentir maîtriser le niveau de difficulté en grimpant en tête.
Hier était l'antithèse d'avant-hier, ou devrais-je dire, avant-hier était l'antithèse de ce que j'aurais souhaité privilégier pour aborder ces journées avec un minimum de progressivité ! Comme quoi une bonne pluie peut ficher en l'air une thèse...
Aujourd'hui je désirais trouver la synthèse. Pour le temps, c'était tout vu : une demi-journée belle, une demi-journée humide. Pour la voie : Capitaine Crochues, une magnifique escalade de 5 longueurs ouverte tout récemment par Michel Piola : de la technicité (6b) pour mesurer l'apport de l'escalade en tête, de la raideur pour se rendre compte que la journée au Fayet avait au moins permis de démystifier les surplombs !
Merci encore à Michel Piola pour les magnifiques voies qu'il nous offre !

L'empreinte du leadership

Emmanuel est dans la vie professionnelle ce que l'on appelle un leader : lourdes responsabilités, engagement. Son emploi du temps lui laisse très peu le loisir de grimper, mais, ayant dans son jeune temps acquis une expérience bien ancrée, il peut, sans préparation aborder des voies de bon niveau.
Aujourd'hui, il souhaitait, en escalade aussi, être leader, aller en premier de cordée. Mon rôle s'est borné à bien choisir l'endroit, le niveau, le style de voie, et à lui donner quelques conseils avisés ; cet assemblage idéal nous l'avons trouvé sur les dalles des Chéserys, dans des voies en V+/VIa (avec un poil de VIb...) récemment ouvertes.
Journée enthousiasmante pour lui et, par ricochet, pour moi.
Il a pu constater la fatigue engendrée par la concentration et le plaisir décuplé par le fait d'aller en tête, sans compter le constat que l'on grimpe souvent bien mieux ainsi qu'en second de cordée. Je laisse au temps le soin de lui faire sentir à quel point, aussi, l'empreinte que laisse une escalade est différente selon qu'on l'a faite "devant" ou "derrière" !

Une image me reste : celle de ce trajet sinueux de la corde dans une des longueurs. Le leadership serait-il sinueux ?