Erik Decamp

Mountain Guide

mars 2009

Est-ce vrai ?

J’aurais pu dire : « j’hallucine ». Ces temps-ci, on hallucine volontiers pour un oui pour un non, c’est même à se demander s’il est encore possible de ne pas halluciner. Mais là, vraiment, comment dire autrement ?Vallée Blanche paisible, arrivée en vue du refuge du Requin, un arrêt pour se préparer à traverser le moins lentement possible sous les séracs qui menacent en permanence ce passage, regard vers le haut, par précaution, car si un bout de glace se détache, on le voit avant de l’entendre, et plus tôt on réagit mieux on se porte. Bref, coup d’oeil. Et là j’hallucine : sur un joli caillou posé dans la neige, deux skieurs pique-niquent, parfaitement tranquilles sous la menace. Je n’ai pas envie de rester là, mais quand même, pour être sûr que je n’ai pas rêvé, clic-clac (enfin, en numérique, ça ne fait pas de bruit, tant mieux, on ne dérange pas...). En fait, ce n’était pas une hallucination.